Anticor, qui fête son dixième anniversaire, se présente comme une "association d’élus et de citoyens contre la corruption". La formule figure en préambule de ses statuts. On la retrouve schématisée dans sa dénomination et dans son logo qui représente un médicament censé guérir de la corruption. Tout cela semble parfaitement clair au premier abord. Pourtant si l'on s'intéresse à ce qu'Anticor défend au lieu de se laisser bercer par ce qu'elle combat, les choses sont un peu moins limpides.
Mot-clé - sociale-démocratie
Remplacer la justice sociale par la justesse sociale
La "justice sociale" c'est l'idée que les hommes de l'Etat doivent réparer des "injustices" qui naissent spontanément dans la société. Initialement employée par la gauche socialiste, la formule a été largement reprise puis adoptée par la droite néo-gaulliste. Ce mantra dirigiste suggère que la réglementation étatique est plus juste que la régulation qui naît de l'offre, de la demande et de la concurrence.
Les étatistes pourraient, de façon plus neutre, utiliser les termes d'ingénierie sociale ou même de redistribution sociale pour décrire leur action mais ils préfèrent se présenter comme des "justiciers" redresseurs de tort. On comprend bien l'intérêt qu'ils en retirent.
Le mot justice suppose qu'il y a des victimes et des coupables dans la société. Le concept de "justice sociale" implique donc que les hauts revenus et la réussite sont une forme de criminalité. Autrement dit si les services ou les produits que vous proposez deviennent très appréciés du public, vous serez poursuivi par les "justiciers sociaux".
Inutile de s'appesantir sur cette expression ; sauf à adhérer à la vieille théorie de la survaleur marxiste, la "justice sociale" est une véritable horreur idéologique.
Et pourtant, l'idée qu'il faut définitivement abandonner le concept de "justice sociale" suscite incompréhension et réticence jusque dans le camp des libéraux.
Règle d'or budgétaire et sociale-démocratie
Le basculement du sénat à gauche vient
définitivement d'enterrer la règle d'or voulue par Nicolas Sarkozy. Ce
dispositif, adopté dans plusieurs pays européens, mérite pourtant un
décryptage.
Il s'agit de rendre constitutionnelles certaines règles censées garantir un
équilibre budgétaire.
Un projet de loi de révision constitutionnelle a déjà été voté le 13 juillet
dernier par l'UMP et le N.C. Ce texte prévoyait l'instauration de "lois-cadres
d'équilibre des finances publiques" destinées à fixer un "rythme du retour à
l'équilibre" budgétaire. La loi ne prévoit donc pas d'imposer l'équilibre et
elle ne contient pas d'indications chiffrées. Ce seraient ces "lois-cadres
d’équilibre des finances publiques" (terme qui fleure bon la
planification gaulliste) qui, une fois inscrites dans la constitution,
permettraient "d'encadrer la trajectoire budgétaire" en incluant le budget de
l'Etat et celui de la Sécurité sociale. Il s'agirait donc de définir des
recettes minimum et des dépenses maximum à respecter dans
l'avenir.
Or c'est bien ce dernier terme, l'avenir, qui fournit la clef du
dispositif. Tous les gouvernements sont libres de limiter ou de diminuer les
dépenses publiques et de fixer un niveau d'imposition qui garantit l'équilibre
budgétaire. Ils peuvent le faire et pourtant, depuis 35 ans, ils
ne le font pas. Pourquoi ? Nous touchons là au mode de fonctionnement des
sociales-démocraties en général et de la notre en particulier.