Ce constat, en apparence évident, ne nous parait pas conforme à la réalité. En effet, une vraie assurance est un contrat passé entre un assureur et un assuré qui prévoit le versement d'une prime dans le cas de la réalisation d'un risque. Cette prestation est fournie par l'assureur en contrepartie du paiement d'une cotisation par l'assuré. Elle est librement consentie par les deux parties. Pour que l'opération soit bénéfique de part et d'autre il faut que le risque, donc la cotisation, soit faible et que la réalisation du risque cause un préjudice élevé à l'assuré, par exemple l'incendie de sa maison.
L'assurance chômage ne correspond pas à cette définition : le risque, donc la cotisation sont élevés et le préjudice n'est pas flagrant - il n'y a pas destruction d'un bien ni incapacité physique, celui qui a perdu son emploi peut en retrouver un - enfin et surtout, l'assurance chômage n'est pas librement consentie, elle est imposée par les hommes de l’État.
Lorsqu'une assurance résulte d'un simple contrat, elle ne lèse personne. En effet, les cotisations des assurés équilibrent le montant des sinistres augmenté de la marge de l'assureur. Ce dispositif est donc parfaitement neutre pour ceux qui ne sont pas assurés.
Il en va tout autrement de l'assurance chômage qui lèse de façon mécanique ceux qui sont en dehors du cercle de l'emploi salarié. En effet les cotisations chômage renchérissent le coût du travail d'un montant égal aux indemnités versées à tous les chômeurs.
Tout nouvel entrant sur le marché du travail devra donc franchir cette barrière protectionniste entre le monde du chômage et celui de l'emploi. Les indemnités versées aux chômeurs contribuent donc à l'augmentation du chômage.
L'assurance chômage est une mécanique clientéliste - une de plus - imaginée par les hommes de la sociale-démocratie pour se faire bien voir de leurs électeurs. Elle "protège" les salariés en augmentant le seuil de l'exclusion pour les autres. Car ce qui distingue fondamentalement "l'assurance" chômage d'une assurance incendie n'est pas tant le niveau de sinistre - 10% des maisons qui brulent aboutirait juste à des cotisations très élevées - mais la certitude, lorsqu'on assure sa maison contre l'incendie, de ne pas augmenter la probabilité de sinistre des autres habitations.
Donner une prime à ceux qui ont perçu des revenus de leur travail en aggravant la situation de ceux qui n'en ont jamais eu ou de ceux qui n'en auront plus jamais, telle est la réalité de l'assurance chômage. L'appareil social-démocrate, lentement et surement, reconstruit les barrières et les castes de l'ancien régime.
1 De Bob Shar -
J'ai quelques bémols sur les critères d'une "vraie" assurance :
A propos du critère "risque faible / préjudice élevé" : les mutuelles santé en plus du gros risque hospitalisation, assurent le petit risque courant (médicaments, lunettes, ...). L'intérêt pour leurs clients n'est pas seulement de parer à un sinistre mais aussi de lisser leur budget. A contrario le chômage est quand même un risque lourd ! Il est vrai qu'il est lourd parce que le marché du travail n'est pas libre.
A propos du critère "consentement" : L'assurance automobile n'est pas librement consentie, on a l'obligation de s'assurer. Mais on peut choisir son assurance.
Il est à mon avis tout à fait possible d'imaginer des assurances chômage privées.
On a déjà l'exemple de l'assurance chômage (facultative) des chefs d'entreprise, proposée par 2 acteurs concurrents (la GSC et l'APPI).
On peut imaginer que des assureurs privés proposent des offres d'indemnisation perte d'emploi, entre lesquelles les salariés choisiraient.
Il serait logique que ces offres soient accompagnées d'une aide au retour à l'emploi, elles pourraient alors avantageusement remplacer Pôle Emploi.
Certaines assurances auraient par exemple une faible cotisation mais un accompagnement très fort voire coercitif (donc une faible durée de chômage), d'autres seraient peu regardantes à l'égard des efforts entrepris par leurs chômeurs, mais auraient une cotisation plus élevée.
Le marché favoriserait ainsi les meilleurs mix entre cotisation, indemnisation et outplacement, tout en s'adaptant aux choix de vie de chacun.
La question de savoir si on impose l'obligation d'une couverture minimale reste ouverte. Avec une allocation universelle ce ne serait même pas nécessaire.
2 De ooalex -
Bonjour,
J'ai un peu de mal à cerner votre position sur le sujet. Remettez vous en question le mécanisme de l'assurance chômage ou bien le principe même de verser de l'argent aux chômeurs?
3 De alcodu -
Le post est un peu négatif, j'en conviens.
Je veux juste montrer que toute "aide" ou indemnisation accordée à un groupe particulier a obligatoirement des effets négatifs sur d'autres personnes. C'est mécanique.
Comme le remarque Bob Shar dans le commentaire précédent, seule l'allocation universelle permet de réaliser un offset social en évitant ce type d'inconvénient majeur.