Il y a ceux qui veulent à tout prix sortir de l'Euro qu'ils dénoncent comme
une calamité - Charles Gave en tête.
Il y a ceux qui nous indiquent qu'il faut monétiser la dette d'urgence avec une
gouvernance européenne renforcée et une relance de l'investissement comme
Nicolas Baverez.
Il y a Alain Madelin qui considère que l'Euro peut parfaitement servir de
monnaie unique sans gouvernement central, même pour des pays très
différents.
Il y a la tendance libertarienne qui se fout éperdument du problème; après tout
les étatistes n'ont qu'à se débrouiller avec l'incendie qu'ils ont
allumé.
Il y a la tendance Lemmenicier, proche de ces derniers qui recommande de ne pas
rembourser la dette. De cette manière personne ne nous prêtera plus à
l'avenir.
Il y a ceux qui pensent comme Vincent Bénard que nous sommes en faillite avérée
et qu'il faut donc gérer cette faillite de la façon la mieux ordonnée
possible.
Il y a ceux qui considèrent tout à fait scandaleux que l'on refinance des
banques qui sont virtuellement en faillite. Ceux-là insistent donc pour que les
actionnaires perdent leur mise.
Mais d'autres soulignent que les banques se sont vu imposer réglementairement
l'achat massif de dettes d’État présentées comme totalement sûres, et sont donc
partisans de leur sauvetage.
Enfin certains voient dans une forme d'allocation universelle une solution pour
sortir du clientélisme social alors que d'autres qualifient la mesure de
liberticide et n'y voient qu'une illusion vouée à l'échec.
Pour encore compliquer les choses, ces positions ne sont pas toutes
exclusives ce qui fait que les chapelles et sous chapelles libérales sont
encore plus nombreuses que la liste ci-dessus ne le laisse croire.
Les prochaines échéances électorales séparent également les libéraux.
Il y a ceux qui soutiennent envers et contre tout la majorité
présidentielle, vue comme l'ultime barrage de la gauche socialiste.
Il y ceux qui proposent des alliances avec les partis en place :
Alternative Libérale devenu club politique soutien Hervé Morin parce qu'il
serait le mieux disant libéral (comprendre le moins illibéral) et qu'il a
clairement exprimé son intention de rallier Sarkozy au second tour.
Le PLD s'orienterait (au conditionnel) vers Bayrou parce qu'il représente le
meilleur compromis entre mieux disance libérale et chances de l'emporter.
Enfin il y a les Ron-Paulistes à la française qui prônent une démarche pure,
isolée des grands partis, une sorte "d'avant garde" libérale qui attendrait le
"grand soir" en tenant un discours sans concession.
Bref, le petit monde libéral français a été brillant et impressionnant dans l'analyse, dans la prévision et dans les mises en garde - c'est indéniable - il l'est beaucoup moins lorsqu'il s'agit de présenter des solutions crédibles ou de parler d'une voix unie.
Si les différences de stratégie politique sont relativement normales et ne doivent pas nous alarmer outre mesure, les différences de doctrine révélées par la crise sont en revanche plus inquiétantes. Il faut bien appeler un chat, un chat, c'est à une cacophonie libérale que nous assistons.
1 De JLER -
Il y a un peu de sophisme dans cet article car beaucoup de ces points ne sont pas contradictoires. On peut tres bien etre pour le free banking comme solution strategique de long terme, etre partisant d'un defaut des etats (pour eviter a l'avenir un transfer d epargne du secteur prive vers le secteur public), tout en souhaitant une Allocation Universelle (auto financee sans creation de dettes (et sans creation monetaires pour ma part)) en alternative aux systemes actuels. Pour y arriver on peut vouloir garder l'euro tout en rendant legal l'emergeance de monnaies privees en concurrence a l'euro qui perdrait son monopole. On peut aussi vouloir organiser ce defaut de maniere a eviter que le defaut affecte les depots des epargants en rendant les depots "dettes seniors" (on peut admettre qu il y a eu une reelle asymetrie d'information entre deposant et les banquiers et vouloir proteger la victime potentielle (le deposant)). Sur le point de vue des idees il y a certes certains desaccord (free banking versus monnaie mettalique, ou retour au monnaie nationale versus garder l'euro), mais dans les points ennonces je pense qu on peut y tracer une colonne vertebrale coherente.
La ou c est le bordel c est sur le choix du candidat a l election presidentielle car pour un liberale ca ne peut etre qu un choix par defaut. Pour tout dire il faudra voir le detail des programmes en details, mais malheureusement j'ai peu d espoir la dessus et je pense que beaucoup de liberaux se rangeront malheureusement derriere les conservateurs...
2 De alcodu -
Le point de vue est défendable.
Mais ces subtilités ne rendent-elles pas le discours inaudible par le public ? Ou tout au moins facilement attaquable : "voyez ces libéraux, incapables de se mettre d'accord" ?
3 De JLER -
Oui j'imagine qu il n est pas évident de mettre un Lemmenicier (voire un Guillaumat bien chaud apres une envolée sur Lumiere 101), un Madelin, et un Gave (enfin si il fini son site internet un jour) autour d une même table pour ecrire un programme. D'ou l'intérêt d'un mouvement independant liberal. Avoir le PLD et AL me parait aussi compliquer les choses. Bon après il ne faut pas non plus simplifier de maniere abusive juste pour paraître claire car la realité est complexe. C est un peu notre chemin de croix malheureusement car le liberal ne peut utiliser le clientélisme pour des fins électorales...
4 De Emmanuel -
Bayrou me semble être le moins illibéral de tous (je fait référence à son livre "Etat d'urgence") :
sur l'économie, il est clairement contre le protectionnisme, pour une politique de l'offre, refuse sans ambiguité le dirigisme économique et annonce la couleur : 100 milliards de réduction des déficits dont 50 de réduction des dépenses sur l'Ecole, après quelques pages destinées à rassurer les profs, il dit en substance ceci : les ministres se sont tous plantés avec leurs "réformes" imposées d'en haut, ça ne marche pas. Conséquence, il faut s'appuyer sur les profs qui réussissent et innovent et généraliser leur expérience.Pour le reste, il ne croit pas aux propositions gadget-miracle comme la TVA sociale, refuse les effets de menton à la Sarko comme les promesses dépensières de la gauche traditionnelle.
5 De Curmudgeon -
Si les libéraux, de tous styles, parvenaient déjà à faire passer un peu de leur message chez les "élites" et dans la grand public, ils n'auraient pas totalement perdu leur temps. Surtout si ce message percole de divers côtés, à gauche comme à droite, suivant les "sensibilités", comme on dit.
Et ça ne peut pas se faire très rapidement, même si le temps presse. Des habitudes d'addiction étatistes sur des générations ne se guérissent pas dans le laps de temps de l'élection présidentielle, en quelques mois, malheureusement. On est même obligé de patienter en attendant un remplacement de génération, un enseignement et des médias comptant des professeurs et des journalistes plus cultivés, moins provinciaux, plus froids, moins idéologisés.
Mais certains des principes invoqués par les libéraux peuvent se formuler de façon peu technique, voire accessible à des écoliers, par exemple : "On ne peut pas vivre durablement au-dessus de ses moyens". Si certains concepts économiques, certains mécanismes du marché, sont carrément anti-intuitifs (qui, spontanément, saisit ce qu'est la valeur subjective, la valeur ajoutée, l'avantage comparatif ?), d'autres rejoignent un certain "bon sens populaire", ce qui devrait les rendre diffusables assez facilement. Et c'est au contraire le paradoxe "brillant" du style "Vive la dette !" qui peut être dénoncé comme l'illusion statolâtrique qu'il est.
Pour savoir quel candidat choisir, il faut attendre encore un peu que les fameux programmes soient bien explicités. De plus il ne faut jamais oublier qu'une élection de ce genre ne se fait pas uniquement sur des critères économiques, même si c'est actuellement le domaine le plus visible. Les gens qui sont libéraux en économie peuvent, sur des questions sociales, juridiques, constitutionnelles, morales, métaphysiques, religieuses, se répartir dans un éventail de positions diverses, qui vont, elles aussi, déterminer quel sera pour l'électeur le candidat par défaut. Ainsi, la division des libéraux (en économie) sur des questions comme le mariage homosexuel, l'immigration, l'islam, n'est pas mince. Or ce sont des questions qui sont peut-être plus fondamentales, car il en va ici non pas seulement d'une "crise", mais carrément de la nature même de la société. L'anathème qui a été jeté sur toute discussion concernant l'"identité" montre qu'il n'est pas facile de parler clairement de ces affaires. D'autant qu'il y a des choses qui confinement au politiquement indicible.
6 De Emmanuel -
"d'autres rejoignent un certain "bon sens populaire".
Je suis frappé de constater que les gens rejettent souvent le libéralisme (uniquement parce qu'ils l'associent à la défense des privilégiés, ou, pour les plus intellos, à un ordre consumériste dominé par la publicité) alors que, quand ils se positionnent concrètement, ils sont libéraux.
Par exemple, telles personnes en appellent à l'Etat pour taxer les riches et faire "du social" mais pestent contre la SNCF en disant : c'est l'absence de concurrence et le monopole qui font qu'il y a des dysfonctionnements dans le trafic ferroviaire.
Les mêmes diront que les politiciens sont par nature incapables et qu'il faut laisser la société s'organiser librement.
Sur l'Ecole, la plupart des propositions libérales sont plébiscitées selon les sondages (libre choix des parents, autonomie des établissements...).
A y perdre son latin.
Reste que le libéralisme est une idéologie, passionnante, mais une idéologie. On peut comprendre que l'opinion n'y adhère pas spontanément. D'autant qu'avec le libéralisme, on abandonne la proie pour l'ombre : l'étatisme est peut-être honni mais il rassure.
7 De alcodu -
@ Curmudgeon
La position libérale sur le mariage homosexuel me parait claire et incontournable : abolition du mariage civil. Le mariage privé règle intégralement le problème.
Sur la question de l'identité, qui revient à décider si un certain groupe d'individus peut légitimement (au regard du Droit Naturel) en exclure d'autres sur un "territoire culturel" donné, la question est effectivement complexe.
8 De JLER -
Comment ca ? Je viens d apprendre qu'il y a un vrai candidat liberale (Christophe Vincent) qui tente sa chance et on en entend pas parler sur ce site, ni sur le site de gauche liberale (ni sur n importe quel site liberale)? J ai l'impression que tout le monde se resigne derriere Bayrou (qui n est pas un mauvais choix en comparaison des autres candidats existants), mais si on en a un qui tente sa chance alors il faut faire un peu de pub non ? Bon son programe est un peu trash (immigration, ecole, AU) et j'imagine qu il faudra plus que 5 ans, mais c est une candidature qui a mon avis est tres interessante....