L'une des grandes innovations de cet ouvrage consiste à démontrer
comment l'assemblée, tout en sachant très bien les erreurs qu'elle commettait,
était incitée à satisfaire "la rue" c'est à dire les groupes de pression
violents qui l'assiégeait régulièrement. Prenant des décisions chaque jour plus
catastrophiques pour parer au plus pressé et calmer l'opinion, l'assemblée
augmentait les difficultés économiques tout en laissant accuser les agioteurs,
les accapareurs, l'étranger et "les riches". Florin Aftalion utilise ici les
techniques modernes de l'école du "public choice". pour analyser le
comportement des dirigeants révolutionnaires. La structure sociale du pouvoir
est étudiée comme un système économique où les individus se comportent
rationnellement, obéissant tantôt à leur idéal mais le plus souvent à leurs
intérêts à court terme à savoir l'accès à une plus grande popularité, synonyme
du pouvoir.
Comme Marx, F. Aftalion analyse la cascade d'évènements qui constitue la
révolution française sous l'angle purement économique. Mais à la
différence de celui-ci il refuse de prêter des intentions aux
catégories sociales. Ce que Marx appelle la "bourgeoisie" et les "nouvelles
forces productives" sont des entités collectives abstraites inventées pour les
besoins de sa théorie historiciste de renversement du mode de propriété qui
serait devenu une entrave à leur essor. Elle n'ont aucune réalité de terrain
puisque les classes sociales interpénétraient les différents ordres politiques.
En particulier les entrepreneurs de la nouvelle économie de l'époque étaient
souvent des nobles et non des bourgeois qui rêvaient, eux de posséder des
terres.
Ce livre prend un sens particulier avec la crise actuelle (2007-2010) où l'on
voit des économistes et une partie du pouvoir préconiser exactement les mêmes
solutions désastreuses qui furent adoptées à l'époque à savoir endettement,
émission de monnaie, contrôle des prix, lutte contre la spéculation, taxations
diverses et désigner les mêmes ennemis : banquiers (agioteurs), spéculateurs
(accapareurs), la mondialisation (l'étranger), les riches (les riches). Même le
capitalisme était déjà désigné comme ennemi : "On voudrait nous
pousser l'épée dans les reins, nous intimider par ces considérations de ruine
prochaine de l'Etat. Comme la banqueroute ne tomberait que sur les gros
capitalistes de Paris et des grandes villes, qui ruinent l'Etat par les
intérêts excessifs qu'ils ont exigés, je n'y verrais pas grand mal". Eh
non, vous ne rêvez pas, ce n'est pas extrait du Marianne de la semaine
dernière mais c'est ce qu'écrivait un député en 1789 (cité par Marcel Marion
dans Histoire financière de la France).
L'histoire ne doit pas se répéter c'est pourquoi il est urgent de lire
l'économie de la révolution française maintenant !
L'économie de la révolution française ou pourquoi la révolution des Droits de l'homme a-t-elle débouché sur la Terreur ?
Paru en 1986 l'économie de la révolution française a été réédité par les
Belles Lettres en 2007. C'est un ouvrage tout à fait remarquable, un des
seuls livres d'histoire qui rend compréhensible et cohérente la succession de
crises et de coups de théâtre qui ont fait la révolution française.
Alors que les récits évènementiels de la révolution française sont.quasi
incompréhensibles tant ils font appel à l'anecdote (notamment les manuels
scolaires), ici les décisions prises par l'assemblée révolutionnaire
s'ordonnent logiquement et tragiquement à la lumière des graves erreurs
économiques qu'elle commet à ses débuts. Complètement négligée par la plupart
des historiens (Michelet n'y consacre pas une page) F. Aftalion montre comment
l'émission des assignats a entrainé le pouvoir dans un dirigisme économique
exactement contraire aux principes de 1789. Il montre aussi que les économistes
de l'époque possédaient les connaissances théoriques qui invalidaient la
solution facile du papier monnaie. Il explique de façon brillante comment la
terreur naquit "naturellement" de la fuite en avant vers toujours plus de
dirigisme économique, jusqu'à l'instauration du "maximum" (fixation des prix)
qui devait provoquer la chute de la production, une famine épouvantable et des
millions de morts.
1 De tetatutelle -
Alors seras-tu présent à l'Université d'été fin de cette semaine ? (pas très loin de chez moi !.........). En juin, tu m'avais dit que tu venais............
Si c'est toujours le cas, je te rappelle que nous sommes invités à "y apporter nos vieux livres libéraux pour les vendre d'occasion", peut-être en as-tu ?......... Pour ma part je n'en ai "que des neufs" (dont certains attendent encore d'être lus !) et je reconnais que ça n'est pas forcément facile de "se séparer" d'un livre (nous nous y attachons comme à beaucoup d'autres choses). Mais bon c'est juste un petit rappel..........
Alors peut-être à samedi (ou dimanche) ?