Premièrement lorsque le niveau de l’imposition devient intenable il y a un
risque d’effondrement de l’économie. Faillite des entreprises, donc chômage et
baisse des rentrées d’impôt. La France n’est pas très éloignée de cette
situation avec un secteur marchand de plus en plus réduit qui sert de vache à
lait à l’ensemble de l’économie, et un État dont les dépenses croissent sans
cesse pour atteindre, selon les dernières estimations, 56% du PIB. La Grèce
elle n’est pas dans cette situation.
Deuxièmement lorsque l’État, pour des raisons de corruption ou de
désorganisation, est incapable de collecter ses impôts. Nous sommes là
dans le cas de l’État grec, comme l’ont relevé les observateurs
internationaux.
Troisièmement lorsque l’État, très endetté, sème le doute sur sa capacité à
honorer ses remboursements. Dans ce cas les taux vont augmenter pour couvrir
ses risques de défaillance. Dans le contexte grec, les taux à long terme ont
récemment grimpé à près de 12 %. La charge de remboursement de la
dette devient donc mécaniquement insoutenable. Le niveau de risque augmente
avec un risque d’emballement des taux, voire l’impossibilité totale d’emprunter
(credit hold).
La Grèce se trouve donc dans les situations numéro deux et trois : les
impôts rentrent mal et l’emprunt est quasi impossible en raison de la défiance
du marché. Pour le marché, l’État Grec est donc bel et bien en
faillite. Son sauvetage ne pourra avoir lieu artificiellement qui si
d’autres États, ayant une meilleure côte vis à vis du marché, acceptent de lui
prêter à des taux anormalement bas. (ce qui pourrait d’ailleurs
s’analyser comme une faute grave de gestion).
Dans une société privée, SA ou SARL, les dirigeants peuvent être poursuivis
après une faillite tant sur le plan civil que sur le plan pénal. Au civil, un
des motifs qui engage la responsabilité des dirigeants est : «
la poursuite abusive dans un intérêt personnel, d’une exploitation
déficitaire qui ne pouvait conduire qu’à la cessation des
paiements. » Les juges peuvent dans ce cas, étendre la faillite
de l’entreprise à ses dirigeants.
Plus généralement en cas de « fautes graves et caractérisées
ayant contribué à la faillite », le tribunal peut prononcer à
l’encontre de tous les dirigeants impliqués une interdiction d’exercer
directement ou indirectement une activité commerciale ou d’occuper une fonction
de direction. En cas d’insuffisance d’actif, le tribunal peut également décider
que « les dettes seront supportées, en tout ou en partie, avec ou sans
solidarité, par les dirigeants, de droit ou de fait, rémunérés ou
non. »
Au pénal on retiendra principalement l’abus de bien social et la non
présentation des comptes. Parmi les dispositions pénales du code du commerce on
peut citer l’article L241-3 : « Est puni d’un emprisonnement de
cinq ans et d’une amende de 375 000 euros : (3e) Le fait, pour les
gérants, même en l’absence de toute distribution de dividendes, de présenter
aux associés des comptes annuels ne donnant pas, pour chaque exercice, une
image fidèle du résultat des opérations de l’exercice, de la situation
financière et du patrimoine à l’expiration de cette période en vue de
dissimuler la véritable situation de la société . »
Ces saines dispositions fonctionnent correctement pour les PME, c’est à dire
pour le vrai capitalisme concurrentiel. Elles fonctionnent nettement
moins bien pour les grandes sociétés par action qui sont à mi chemin entre le
secteur privé et le secteur public (capitalisme de connivence ou
capitalisme politique), enfin elles sont juridiquement inapplicables au
secteur public, et aux États qui peuvent être gouvernés et gérés absolument
n’importe comment, sans que la moindre sanction puisse être envisagée contre
leurs dirigeants. Pourtant, plusieurs des infractions énumérées ci-dessus
"collent" parfaitement à la situation grecque.
Il faut remarquer qu’aucun des responsables des grands pays industrialisés et notamment des partenaires européens de la Grèce ne demande de sanctions contre les dirigeants Grecs. Les politiques se préoccupent beaucoup plus de détourner l’attention vers les banques d’affaire et les agences de notation que de faire le ménage en leur sein ou d’établir de réels contre-pouvoirs à leur propre délinquance financière et monétaire.
La communauté internationale a tout juste rendu possible la condamnation de leurs dirigeants les plus sanguinaires ou génocidaires, mais de l’eau passera sous les ponts avant qu’un chef d’État ou un gouvernement soit condamné pour banqueroute.
L’irresponsabilité des États-nations et la confiance aveugle que le peuple continue à leur vouer laissent pantois. Alors que le vrai capitalisme concurrentiel se régule et se police très efficacement c’est, comme d’habitude, le "marché" qui va être désigné comme bouc émissaire de la crise étatique, dans la suite logique de ce qui s’est passé pour les "subprimes".
Les dirigeants Grecs n’iront donc pas en prison.
1 De alcodu -
Article paru sur Agoravox
2 De tetatutelle -
Et bien BRAVO Alain pour ton succès !
Par contre Lomig aurait pu "te citer comme l'auteur de cet article" ! (sans doute n'y a-t'il pas pensé......
3 De tetatutelle -
"Pour une société commerciale, la faillite se définit comme l’impossibilité à un moment donné d’honorer ses créances. Il y a défaut de trésorerie donc cessation de paiement. C’est une situation très improbable pour les États-nations puisqu’ils peuvent, soit directement ponctionner le peuple en levant plus d’impôts et de taxes, soit emprunter sur les marchés avec la caution que représente ce pouvoir coercitif de création de nouveaux impôts."
Un nouveau livre vient de sortir, qui dit "exactement l'inverse" ! Il s'agit de " L'empire de la honte" de Jean Zieghler. Voici ce qu'il affirme :
"Il n’existe pas de procédures de faillite (de cessation de paiement, etc.) pour les Etats en
défaut de paiement. Sur ce point, le droit international est muet. Mais "dans la pratique, un
pays insolvable est traité exactement comme une entreprise privée ou un individu affligé
d’insolvabilité totale ou partielle".
Alors ?.........Je n'ai aucune opinion sur cet auteur car "je ne le connais absolument pas"............C'est une découverte que je viens de faire "sur le site du MLG" : un commentateur d'un article a posté un extrait de ce bouquin, ce qui "m'a immédiatement rappelé cet article-ci sur ce blog" ! Alors je le mets "pour info", c'est tout.
4 De alcodu -
Jean Ziegler est un activiste d'extrême gauche bien connu, que son hostilité à l'Amérique et à Israël, sa haine de l'occident et son adhésion au relativisme culturel rendent fort proche des idées d'extrême droite.
Il sévit à l'ONU depuis de nombreuses années.
L'association UN Watch a mis en évidence ses nombreux débordements écrits et verbaux ainsi que ses relations avec de nombreux dictateurs pour peu que ceux-ci affichent des positions anti-occidentales ou anti-israéliennes. Il a également soutenu le négationniste stalinien Roger Garaudy et a participé au lancement du "prix Khaddafi des Droits de l'Homme".
La passage cité est par ailleurs complètement hors sujet : Ziegler s'indigne que les pays pauvres puissent être poursuivis pour non remboursement de leur dette (par saisie de leurs biens). L'article relève que les dirigeants des pays riches ou pauvres qui endettent leur pays jusqu'à la faillite ne seront jamais poursuivis à titre personnel comme le sont les dirigeants d'entreprise. Donc rien à voir.
5 De tetatutelle -
"L'article relève que les dirigeants des pays riches ou pauvres qui endettent leur pays jusqu'à la faillite ne seront jamais poursuivis à titre personnel comme le sont les dirigeants d'entreprise. Donc rien à voir."
Excuse-moi pour ce "détail" qui m'avait échappé..........
"Un activiste d'extrême gauche............. sa haine de l'occident et son adhésion au relativisme culturel rendent fort proche des idées d'extrême droite."
Merci Alain de venir "confirmer ce sentiment qui était aussi le mien" ! Et de venir ainsi m'apporter ce petit "réconfort moral" dont j'ai un peu besoin face à quelques expériences pour le moins "atypiques" que je suis en train de vivre sur certains forums (censés être "libéraux".........) où ce genre de "gauchos-altermondialistes conservateurs" font une apparition............Le combat est parfois dur !............