Outrepassant totalement ses fonctions, ce groupe essaye de faire pression
sur Jean-Pierre Escalettes, président de la fédération française de football
pour qu'il relaye cette demande auprès de la FIFA.
On reconnait bien là la patte des étatistes-dirigistes de l'UMP qui considèrent
qu'une règle peut être transgressée quand elle ne va pas dans le sens de leur
morale ou de leurs intérêts. Ainsi l'Etat est toujours le premier à ne pas
respecter les règles qu'il édicte ou la pseudo morale qu'il distille : liberté
d'opinion et de culte bafouées, maltraitance dans les prisons, régimes spéciaux
pour les fonctionnaires, banqueroute et mauvaise gestion impunie, véhicules
publics polluants, sur-endettement chronique, distribution de passe droits et
privilèges, la liste est infinie.
Pour comprendre leur démarche il faut bien sûr s'interroger sur les motivations
de ce groupe de députés. Pourquoi envisagent-ils de revenir sur une règle de
football bien établie ? Qu'est-ce qui nuit à leur morale et à leurs intérêts
?
Pour répondre à cette question il faut mesurer à quel point le sport a été
instrumentalisé par les Etats Nations. La grandiloquente "qualification de la
France" signifie la qualification de l'équipe de football désignée pour
représenter la France de façon monopolistique par l'Etat français. Il n'y a en
effet qu'une seule équipe de France et une seule fédération française de
football, Ce qui est vrai pour la France et le football est d'ailleurs vrai
pour la plupart des sports et pour tous les Etats-Nations.
Cette organisation monopolistique a pour but de canaliser et d'exacerber
"l'Esprit National" Cette fierté et cette identité, une fois construites,
permettent aux gouvernements, quels qu'ils soient, de faire passer leurs lois
liberticides et collectivistes et de placer les individus sous tutelle.
C'est "La France", celle qui s'est bien battue au football et qui a fait vibrer
les foules, qui prend les "bonnes" décisions. L'opium sportif exalte le peuple,
soude la Nation et fait oublier les méfaits de l'étatisme.
Or là, patatras ! voilà que l'organisation monopolistique et nationaliste du
sport se retourne contre "l'identité nationale" : la main de Thierry Henri
c'est la France qui triche !
Ce qui permet au journal Le Monde.fr sport de titrer : La main
d'Henry "disqualifie" la France tandis que pour M. Laffineur, contacté par
lefigaro.fr : ce geste (rejouer le match) "grandirait la
France".
On comprend le désarroi de M. Laffineur, il ne supporte pas que l'honneur
de la France ait été sali. Il refuse que la mécanique monopolistique et
identitaire Football-Nation se retourne contre l'Etat tout puissant qui l'a
créée.
Dès lors M. Laffineur n'envisage qu'une seule solution pour que l'honneur de la
France soit lavé. Il veut faire rejouer le match au mépris des règles de la
FIFA dont il n'a que faire. M. Laffineur préconise donc de tricher. Mais
contrairement à Thierry Henri il a eu le temps de murir son acte et il est
probable qu'il ne présentera pas d'excuses s'il réussit son coup.
France-Irlande, les députés qui veulent tricher
Alors que l'erreur d'arbitrage du match
France-Irlande prend les proportions d'une affaire d'Etat, la question est
évoquée de rejouer le match.
Si l'on se réfère aux règles du football, acceptées par les deux protagonistes,
ce match ne doit pas être rejoué. La prééminence de la décision arbitrale fait
en effet partie des règles du football. La décision, humaine de l'arbitre et de
ses assistants vaut sentence irrévocable. L'erreur humaine est donc admise par
les règles du football. Cela est confirmé par la FIFA qui précise que :
"l'arbitre ne peut revenir sur une décision que sous réserve que le jeu
n'ait pas repris ou que le match ne soit pas terminé". Faire rejouer le
match reviendrait donc à admettre que les règles sont faites pour être
transgressées et n'engagent que ceux qui leur obéissent.
Pourtant un groupe de députés, menés par le Vice président de l'assemblée
nationale, M. Marc Laffineur s'est mis en tête de faire rejouer ce match.
1 De Landry -
Tout à fait d'accord.
On ne répare pas une tricherie par une autre.
Les erreurs d'arbitrage font malheureusement partie du jeu.
2 De Pierre -
L'instrumentalisation du sport par l'argent n'est-elle pas pire que son instrumentalisation par l'Etat-nation ? Au fond, le capitalisme footballistique et le chauvinisme étato-national se donnent la main. Pas un pour racheter l'autre !
3 De alcodu -
Je me demande Pierre, si vous réussirez un jour à vous affranchir de cette philosophie de brèves de comptoir.
On connait la rangaine : l'argent c'est sale et le monde n'est pas une marchandise. Dans cette vieille morale héritée de l'ancien régime, l'argent et le commerce sont impurs. On laisse ça aux juifs ou à la caste des marchands que l'on méprise tout en les ponctionnant.
Non Pierre, le sport n'est pas "instrumentalisé par l'argent" tout simplement parce que l'argent n'est pas un être pensant. C'est un outil pour échanger et pour favoriser le partage du travail. C'est une des plus formidables et nobles inventions humaine.
L'argent ne se sert de personne. Ce sont les individus qui se servent de l'argent pour échanger des biens et des services pour le plus grand bien de l'humanité.
En revanche l'Etat, ou plus exactement les hommes de l'Etat instrumentalisent le sport. Ce sont eux qui imposent une organisation monopolistique du sport.
En ce sens, le salaire de Domenech relève clairement du privilège. L'entraineur de l'unique "équipe de France" bénéficie en effet du prestige inoui que lui confère ce titre quasi-nobiliaire. Son argent n'est pas gagné en raison des services qu'il rend au marché, c'est à dire aux autres, son argent est gagné en raison des services qu'il rend au pouvoir.
4 De pierre -
Je n'aime pas les rengaines faciles à propos de l'argent. Je suis loin d'être anti-libéral d'ailleurs. Je crois cependant que lorsque l'argent est la seule règle, on perd toute mesure des choses.
Regardez télé foot, sur TF1, le dimanche, et vous comprendrez. 10 minutes de "reportages" où on ne parle que des "meilleurs" clubs (ceux qui ont du fric), des "meilleurs" joueurs (ceux qui "s'achètent" des millions). Les "reportages" sont d'ailleurs insipides, on priviligie l'anectode, on interroge les stars, tout ça dans l'unique but de vendre des maillots et de faire tourner le business. Où est le sport dedans ?
Il fut un temps où des villes ouvrières qui aimaient vraiment le foot fournissaient de bonnes équipes, simplement parce que l'amour du foot sortait des tripes. Aujourd'hui, des villes qui n'ont aucune tradition de foot peuvent "fabriquer" une grande équipe à coup de millions. Le sport est déconnecté de toute culture authentique, populaire, régionale ou autre. Et c'est l'argent qui est responsable.
Le plus grave, c'est le bourrage de crane que subissent nos enfants. Sport = argent, argent = réussite.
Je ne suis pas réactionnaire, et je ne suis pas non plus anti-libéral. Je suis simplement pour que l'on soit capable de les choses à leur place. Je dénonce l'idolatrie de l'argent et non l'économie de marché.
5 De pierre -
Petite précision : je ne suis pas le même Pierre que celui qui a fait un commentaire sur la motion de la Gauche libérale au congrès d'AL (je le dis pour éviter les confusions).
6 De emmanuel -
Le "fric" permet à des équipes de foot d'exister et d'offrir du plaisir, du divertissement à des millions de gens, sans recourrir à l'argent du contribuable (car le sport aussi à un coût).
Rien n'interdit aux anti "sport-business" de créer leurs propres associations de football à but non lucratif, sans "business". Et rien n'oblige les grincheux à regarder téléfoot sur TF1.
7 De alcodu -
Je me disais aussi en lisant votre réponse numéro 4 que Pierre avait bien changé...
Alors que j'étais sur le point de m'en attribuer le mérite - force de persuasion - arguments imparables, etc - voilà que vous cassez mes illusions ...
Bon, sur le fond, la dénonciation de l'idolâtrie (ou tout simplement de l'amour) de l'argent est une position tout à fait respectable dans la sphère privée mais ne peut servir de base à un discours politique (qui a vocation à s'appliquer à tout le monde).
L'Eglise milite par exemple pour une forme de rédemption par la pauvreté, mais elle n'a, fort heureusement, plus vocation a exercer un pouvoir temporel.
Encore une fois lorsque vous dites : "Et c'est l'argent qui est responsable", non, ce sont toujours les hommes qui sont responsables.
Lorsque des villes investissent des sommes colossales dans un club de foot, alors là oui, il y a un problème. Dans ce cas c'est l'argent public qui est détourné pour redorer le blason des potentats locaux.
8 De pierre34 -
(pour éviter les confusions, je serai pierre34, celui qui a fait le commentaire n°4).
Alcodu, c'est vrai. Les hommes sont responsables, pas l'argent en soi. Mais puisque vous évoquez l'Eglise, celle-ci met justement en valeur les "structures de péché", en clair une organisation économique et sociale qui pousse fortement les hommes au vice.
Cela ne supprime en rien la resposabilité individuelle, mais suffit à condamner moralement des attitudes.
Dire que la dénonciation du pouvoir de l'argent est respectable uniquement dans la sphère privée, c'est nier la resposabilité de chacun vis-à-vis d'autrui, c'est dire : "ma morale ne regarde que moi".
Or, nos actes n'engagent jamais que nous. Le pape a raison quand il écrit que consommer est aussi un acte moral, comme produire.
9 De emmanuel -
Pierre34 fait référence à la morale de l'Eglise et aux prnicipes du Pape. C'est la preuve qu'il n'y a pas de morale universelle, à part le respect des droits fondamentaux de la personne humaine.
Car ce que l'Eglise catholique pense, d'autres religions ou autres phillosophies ne le pensent pas. Et personne n'a le droit d'imposer la morale catholique, musulsmane, juive ou autres à l'ensemnle de la société.
10 De SauSau YaYa -
Juste une petite question...
Que proposez-vous pour palier à la non-légitimité des équipes nationales officielles? Je peux concevoir qu'on pourrait laisser aux personnes volontaires la possibilité de faire leur propre équipe nationale selon les principes du marché. Mais qu'est-ce que cela donnerait? Organiserait-on des compétitions intra-nationales pour désigner la meilleure (de nouveau sous l'emprise d'une instance supérieure)? Ou enverrait-on toutes les équipes constituées dans des qualifications? La deuxième possibilité parait possible, d'un point de vue libéral orthodoxe, chacun étant en mesure d'évoluer selon ses propres capacités lors des qualifications...
Mais c'est justement cette orthodoxie que je reproche à l'auteur de l'article, dans ce cas précis. Il faut redescendre sur terre!
Je précise que j'adopte moi aussi souvent des approches libérales dans mes analyses, mais là...
11 De alcodu -
Un Etat Nation n'a pas à désigner une équipe nationale officielle. Cette mascarade ne fait pas partie de ses attributions régaliennes. Le monopole sportif est créé de toutes pièces par la loi.
L' identification équipe/nation aboutit à des métonymies guerrières du type "la France bat l'Angleterre" ce qui entretient violences et animosité inter-nationales.
Une réforme libérale très simple consisterait à abroger la Loi n° 84-610 du 16 juillet 1984 qui établit le monopole du sport et punit de fortes amendes tous ceux qui voudraient pacifiquement organiser des compétitions sportives internationales ou même régionales en dehors du monopole étatique.