Rappelons tout d’abord les faits, à savoir que quelques morceaux de palette
ont été enflammés au contact d’une porte de cette mosquée située dans la
banlieue de Saint Priest. Le feu a rapidement été éteint par des fidèles, avant
même l’arrivée des pompiers. Selon la police, le feu s’est déclaré sur une
porte de la mosquée mais "ne s’est pas propagé", les seuls dégâts
intérieurs ont été "causés par les fumées".
La tentative d’incendie a immédiatement été qualifiée "d’incendie
criminel" par la ministre de l’intérieur, Michèle Alliot-Marie, alors que
la police, plus prudente, se refusait à évoquer un acte criminel (A.P.). Le
ministère de l’intérieur à par ailleurs annoncé que Mme Alliot Marie avait
écrit au Professeur Mohammed Moussaoui, Président du Conseil Français du Culte
Musulman pour lui faire part de son "émotion suite à l’incendie criminel
qui a visé la mosquée de Saint-Priest".
"Tous les moyens nécessaires, notamment de police technique et
scientifique, sont mis en oeuvre pour retrouver au plus vite les auteurs de cet
acte lâche et intolérable", ajoute le ministère.
On peut évidemment s’étonner de la promptitude de ces réactions et de l’excès
de zèle qui accompagne un fait aussi mineur. Pour mémoire chaque année
plusieurs centaines de tentatives d’incendie volontaires sont recensées dans
les seuls établissements scolaires français. Ces actes criminels ne donnent pas
lieu à des déclarations solennelles du ministère de l’intérieur ni à des
enquêtes systématiques de la police technique et scientifique.
Mais tout cela est très normal puisque dans notre pays soi-disant laïque,
existe un ensemble de disposition législatives, qui affirme que bruler un lieu
de culte est plus grave que bruler une école ou une entreprise. La Loi
n°2003-88 du 3 février 2003 visant à aggraver les peines punissant les
infractions à caractère raciste, antisémite ou xénophobe prétend en effet
lutter contre les violences racistes en protégeant les religions qui en sont
pourtant l’une des causes premières.
Plus étonnant sont les propos du recteur de la Grand Mosquée de Lyon, Kamel
Kabtane qui parle d’un "engin incendiaire" et qui affirme également
:"La porte a pris feu et le feu s’est propagé à l’intérieur. Une
bibliothèque notamment a été détruite et les livres du Coran qui s’y trouvaient
également".
Effectivement, les journaux télévisés ont montré des images de parchemins
brulés qui contredisent les premières affirmations de la police. Une curieuse
discordance car on voit mal comment de simples fumées émanant d’une porte de
secours brulée sur le tiers de sa hauteur a pu mettre le feu à ce que le
recteur appelle une "bibliothèque" et qui ressemble plutôt à quelques
placards bas.
Quoi qu’il en soit les exemplaires du Coran brulés, permettent à M. Kamel
Kabtane d’induire une notion de blasphème qui tombe fort à propos pour appeler
la communauté musulmane à manifester.
Lors de ses dernières prises de parole il qualifiait les faits
"d’attentat" tout en se vantant d’employer "le mot attentat à bon
escient". Les familles des 270 victimes de l’attentat de lockerbie,
réunies ce week end pour commémorer le vingtième anniversaire de l’explosion du
boeing de la Pan Am, apprécieront certainement cet amalgame.
On le voit, les incendiaires ne sont pas seulement les imbéciles qui ont mis le
feu à une porte, les propos aussi peuvent être incendiaires, et les lois
constructivistes élaborées par notre classe politique ne font malheureusement
qu’attiser les flammes.
La mosquée et les incendiaires
La classe politique, notre ministre de l'intérieur, et les autorités religieuses s'indignent de la tentative d'incendie perpétrée contre une mosquée à Lyon. Mais dans cette nouvelle affaire d'agression inter-religieuse les incendiaires sont-ils seulement ceux qui ont matériellement mis le feu à une porte ?