Manuel Valls ne nous a pas déçu sur sa vision de la politique étrangère ni sur le jugement qu'il porte sur la gauche française. Sur le plan des actions concrètes à entreprendre, pas d'annonce fracassante, mais une acceptation globale des mesures préconisées par la droite sur l'allongement de l'âge de la retraite, sur le temps de travail, sur la flexibilité, etc.
"Le renouveau de la gauche française sera très difficile car il passe par des analyses qui nous conduisent souvent à faire le même diagnostic que la droite sur l'état de notre pays et sur les réformes dont il a besoin. Mais il faut passer par un constat lucide du monde dans lequel nous sommes, pour ensuite inventer de nouveaux concepts." (1)
Manuel Valls n'a jamais eu de sympathie ou d'attirance pour l'extrême gauche ou pour les communistes. Voilà qui nous change de beaucoup "d'éléphants". Il déclare :
"Je n'ai jamais partagé l'attraction d'une partie de la gauche française - qui perdure - pour le castrisme. [...] il est difficile de trouver aujourd'hui la moindre excuse à ce qui est une dictature.
[... ] Alors que d'autres, dans leur jeunesse voulaient faire la révolution, la motivation fondatrice de mon engagement c'est la liberté, la démocratie, la philosophie des lumières... "
Un peu plus étonnant il ajoute :
"Je n'appartiens pas à la génération des soixante-huitards mais plutôt à la "bof génération", symbolisée par la candidature de Coluche et par le désintérêt pour la politique. C'est une génération qui ne croit pas à la révolution mais qui se retrouvera dans le combat moral de SOS-Racisme."
Parmi les points qui font spécialement plaisir à Gauche Libérale citons :
"J'admire profondément les Etats-Unis, il faut toujours être attentif à ce que pensent les intellectuels et les responsables politiques américains."
ou :
"Sur des sujets tels que les OGM et le nucléaire, je suis très sceptique concernant une forme de dictature intellectuelle de l'idéologie écologiste. [...] on n'alimentera pas la planète en nourriture et en énergie avec de l'agriculture bio et des éoliennes."
L'analyse de Manuel Valls sur la schizophrénie de la gauche françaises est particulièrement lucide (avec de sérieuses réserves sur l'appréciation "plutôt bien") :
"Quand la gauche est au pouvoir elle gère le capitalisme, et plutôt bien d'ailleurs. Mais une fois dans l'opposition, elle se refuse à théoriser sa pratique. nos électeurs ont perpétuellement l'impression d'avoir été trahis. Car nous continuons à employer les mêmes mots que si nous n'avions jamais gouverné."
Son jugement sur la droite française est également en accord avec celui de tous les libéraux :
"La gauche française se heurte en fait à une difficulté paradoxale, c'est que la droite ici n'est pas libérale. En angleterre, c'est le thatchérisme qui a permis à la gauche de rompre avec l'étatisme. En France, on ne voit rien d'équivalent."
En revanche quelques indicateurs démontrent que les libéraux et en particulier Gauche Libérale ont encore beaucoup de travail :
"L'Histoire ne s'est évidemment pas arrêtée mais nous vivons dans un monde où n'existe plus d'autre système que celui de l'économie de marché. [...] Pour moi, le militant, le citoyen, le responsable de gauche, c'est celui qui cherche à humaniser, à réguler le capitalisme."
Alors que le droit du sol et les droits de propriété les plus élémentaires
sont refusés à la moitié de la population mondiale, alors que les Etats-Nations
captent la moitié des richesses produites sur la planète, nous serions dans une
économie de marché.
Cette vision d'un Monde "libéral" que le nouveau parti socialiste-sans-le-mot-
socialiste aurait pour mission "d'humaniser" me parait fausse et dangereuse. Le
monde n'est pas libéral. La crise alimentaire mondiale et la crise du logement
sont intimement liées à des politiques dirigistes et aux blocages étatistes. Le
capitalisme d'Etat, le refus des échanges, les protectionnismes déguisés,
l'attribution de privilèges, voilà les maux qu'il faut combattre
prioritairement.
Autre tarte à la crème de la morale socialo-gaulliste qui ressurgit :
"L'accaparement de la valeur ajoutée par le capital au détriment du travail reste pour nous, sans doute, la principale cause de l'explosion de nos systèmes sociaux."
bof, bof, que voulez vous, nobody's perfect... Mais un Manuel Valls à la tête
du parti-socialiste- sans-le-mot-socialiste, ce serait quand même un sacré
progrès.
(1) Les passages cités sont extraits de l'excellente revue : Le
Meilleur de Monde, à laquelle je vous recommande de vous
a-bon-ner !
1 De vieuxjojo -
Intéressant.
Meme si quelques concepts clef échappent encore à MV on peut etre agréablement surpris ...
"on n'alimentera pas la planète en nourriture et en énergie avec de l'agriculture bio et des éoliennes."
Ca fait plaisir d'entendre ça d'un homme de gauche ...
C'est encourageant ... mais combien d'années passeront avant qu'une telle ligne ideologique soit adopté et ASSUME par le PS ???
Le jours où ça sera le cas ... les choses pourraient changer en France ...
2 De Timothée -
Moi j'ai pris un plaisir fou à lire ce bouquin.
Ton blog a l'air intéressant, il se rapproche du mien du point de vue idéologique, ça me rassure, je me sentais un peu seul à la droite du PS!
Bien à toi, bonne continuation
3 De alcodu -
Pour moi, c'est toi qui est à la gauche du PS
Ceux qui occupent la gauche de l'assemblée ont très bien été décrits par Val (celui de Charlie Hebdo) :
"L'extrême droite, dont l'hostilité à l'Amérique, à la mondialisation, à Israël, le flirt avec l'islamisme et l'amour de l'authenticité locale fournissent un certain nombre de points communs avec l'extrême gauche."
Il ne faut rien céder là dessus. La gauche, c'est nous.
4 De R -
"on n'alimentera pas la planète en nourriture et en énergie avec de l'agriculture bio et des éoliennes."
faux ! et la fao, et l'onu, ont affirmé le contraire. alors ce sont surement d'affreux gauchistes qui sont à la tête de ces organisations...
pour moi qui consomme exclusivement bio, qui cohabite avec des agriculteurs bio, je peux vous garantir qu'il n'y a aucun problème pour nourrir la planète en 100%bio... d'ailleurs, les 2/3 des agriculteurs de la planète pratiquent une agriculture exempte d'intrants ou de pesticides chimiques.
allez voir le site de kokopelli, ils savent de quoi il retourne avec l'agroindustrie et du peu d'avenir qui nous reste si on continue dans cette voie là.
il ne faut pas confondre le libéralisme des idées et celui du marché. le premier est bénéfique, le deuxième est destructeur s'il ne connait pas de garde-fous.
messieurs les libéraux de gauche, si vous aviez lu correctement la définition du libéralisme, vous verriez que le concept mm d'agroindustrie est incompatible avec l'idéal du libéralisme. idem pour la production d'énergie. confier l'énergie et la nourriture à de grandes corporations en quoi cela est-il libéral ???
le libéralisme prône ouvertement la paysannerie ainsi que la production individuelle d'énergie, que ça soit par le thermique, le géothermique, l'hydrolique, l'éolien ou le solaire. or le bio est pour l'instant le dernier bastion de la paysannerie... et l'éolien (comme le solaire), les seules sources de production d'énergie autonomes.
5 De Jeanne Hémare -
@ alcodo
Philippe VAL tendance les Gracques, ne peut parler politiquement, que dans le vide.
Il y a belle lurette qu'il n'a aucun crédit nulle part.
Que ne dirait-il pas ? que ne ferait-il pas pour vendre son hebdo ?
C'est un patron commercial comme un autre.