Dans article intitulé : le futur est-il libéral ou conservateur ? paru sur le site de l'IFRAP, Bernard Zimmern, ancien président de cette organisation d'enquête et de recherche sur les administrations publiques, fait son "outing" conservateur.
L'article est visible ici
Selon lui Nicolas Sarkozy est "seul capable d'être un conservateur" et seul le conservatisme est capable de nous remettre sur "les rails de la croissance et du développement" !
Que M. Zimmern ait découvert que Nicolas Sarkozy est un conservateur et non un libéral est tout à son honneur. C'est malheureusement là le seul propos à peu près sensé de son article.
Car l'article entier est un florilège de contresens et d'inexactitudes
:
"ce qui a réussi dans le monde ..., ce n’est pas le libéralisme, c’est le
conservatisme,..."
Le conservatisme, par définition ça consiste à ne rien changer. Or ce n'est pas
en ne changeant rien que de nombreux pays ont réussi à se réformer. Le Canada,
l'Australie, les pays nordiques, la Grande Bretagne ont changé sur l'impulsion
de vraies réformes et ces réformes ne venaient pas toujours de la droite
prétendument "conservatrice". En Italie c'est par deux fois, une coalition de
gauche qui mena les réformes (avant et après Berlusconi),
M. Zimmern poursuit :
"... le conservatisme, un mélange d’idées prises chez Bastiat, Hayek, et,
plus proche, Friedmann, mais s’appuyant sur un réalisme et écartant tout
dogmatisme. "
Il s'agit là d'un contresens total. Le libéralisme est tout sauf dogmatique
puisque lui, justement ne prétend pas régir l'économie au nom d'une morale,
qu'elle soit de droite ou de gauche, socialiste ou conservatrice. Le
libéralisme nous enseigne que c'est justement par l'étude des faits, par
l'observation des usages qui s'établissent librement entre les acteurs du
marché que naissent les règles et le droit que l'Etat devra faire respecter.
Quand à trouver une once de conservatisme chez Bastiat, c'est un peu comme
trouver du libéralisme chez Sarkozy, il faut vraiment chercher...
Continuons à explorer les méandres de la pensée politique de M. Zimmern.
Il nous apprend par exemple que depuis le retrait d'Alain Madelin, les
défenseurs du libéralisme se multiplient (bonne nouvelle) mais deux
lignes après il parle d'ex-libérauxqui rejoignent Le
Front National ou Bayrou. C'est quoi un ex-libéral ? En français à priori ça
devrait vouloir dire quelqu'un qui n'est plus libéral,. mais dans le langage de
M. Zimmern on devine que ce n'est pas ça. Un ex-libéral c'est un libéral qui,
ayant perdu son guide suprême (Madelin) se trouve tout désorienté et qui au
lieu de se raccrocher au "bon" nouveau guide suprême (N. Sarkozy, bien sûr) se
raccroche à Bayrou ou à ... le Pen (!).
Passons rapidement sur l'incongruité du ralliement d'un libéral au Front National : dogmes culturels, refus de la mondialisation, préférence nationale, culte du chef, souverainisme étatiste, les thèmes de ce parti sont diamétralement opposés au libéralisme.
Le cas du ralliement à Bayrou est encore plus révélateur de l'incohérence du raisonnement de M. Zimmern. Car si la Solution aux problèmes de notre pays c'est le conservatisme et non pas le libéralisme, et si Sarkozy est un conservateur et non pas un libéral, il est donc tout à fait normal que les libéraux ne votent pas Sarkozy (c'est M. Zimmern lui-même qui nous le démontre), alors pourquoi vient-il reprocher à certains libéraux de voter Bayrou ?
Bref tout ceci démontre que l'on peut être un bon comptable, avoir effectué un excellent travail d'enquête sur les administrations... et être très éloigné de l'éthique et des préceptes libéraux.
La vision de M. Zimmern est d'ailleurs tout à fait révélatrice du quiproquo qui perdure sur le positionnement des libéraux. Les libéraux ne sont pas et n'ont jamais été la droite de la droite. Ce faux positionnement leur a été attribué par leurs adversaires de la gauche marxisante, cette gauche tellement viscéralement opposée au libéralisme qu'elle ne peut se le représenter que comme une des composantes de la droite extrême. Que des conservateurs se soient reconnus dans le positionnement des libéraux suggéré par la gauche marxiste et altermondialiste ne légitime en rien cette erreur historique. Disons le tout net, ce n'est pas aux adversaires du libéralisme de définir le libéralisme.
Ce ne sont pas Bové, Besancenot et Buffet qui doivent décider du contenu d'un programme libéral. Cette affirmation peut paraitre évidente, et pourtant, au cours de ces dernières années et avant la naissance d'Alternative Libérale, c'est bien la vision du libéralisme imaginée par l'extrême gauche qui prévalait dans les média sans qu'aucune voix contradictoire ne se fasse entendre. L'invention des termes néo et ultra libéralisme par l'extrême gauche, largement reprise par les média, en est un exemple saisissant.
Au lieu d'adopter la vision de l'extrême gauche sur le libéralisme, M. Zimmern ferait donc mieux, lui qui est un conservateur, de laisser les libéraux décider de leur avenir et de leurs choix.
1 De JPO -
Excellent article ! Je souscris totalement à ton analyse.
2 De Dedal -
On sent que c'est un cri du coeur, et on ne peut que le partager.
3 De lauraneb -
bonjour,
j'ai pu constaté aussi le parti-pris de l'ifrap qui ne publie que les réactions qui abondent dans le sens de l'article publié qui ont tous un arriere goût de droite liberale. J'ai pu constaté aussi que ses articles ne sont en réalité que des points de vue et en aucun cas le résultat d'etudes poussées sur l'economie française. Ainsi donc l'Ifrap est la buanderie politico-economique de Sarkosy et M Zimmern est vassalisé à l'UMP? en d'autres termes Ifrap est il un outil de manipulation?
4 De maloum -
J'opine de ... de la chopine, sac à papier!
5 De razmot -
Je souscris totalement.
6 De jdal -
Je veux bien, mais qu'est-ce que libéralisme concret à aujourd'hui à voir avec Constant, Tocqueville ou Stuart Mill ? Rien. Tocqueville, qui craignait que dans la démocratie la liberté soit étouffée par la volonté majoritaire, serait bien étonné aujourd'hui qu"elle soit en passe de l'être par la volonté individuelle. Le libéralisme n'est plus aujourd'hui que le capitalisme fantasmé par ses idéologues.
7 De alcodu -
Mais qu'appelez vous "le libéralisme concret".
Est-ce le libéralisme défini par les ennemis du libéralisme dont il est question dans l'article ? Ce libéralisme fantasmé n'existe que dans l'esprit de nos détracteurs.
Nous prétendons justement faire renaître le seul vrai libéralisme, celui de Constant, Tocqueville, et de bien d'autres plus récents dont Hayek ou Karl Popper.
8 De Natrép -
Tout dépend de la manière de définir le conservatisme (qui recouvre des idées et principes bien différents de « ne rien changer »).
J’ajoute que le libéralisme est profondément de droite moralement, n’en déplaise aux dogmatiques qui refusent de lâcher la sacro-sainte appellation « deugôche », et que le Front national fut pendant un bon moment le seul grand parti français à défendre ouvertement le libéralisme (il le fait toujours en partie, notamment concernant la liberté d’expression) ; ce billet commet donc quelques confusions et maladresses.
9 De alcodu -
D'accord sur le conservatisme - il y a beaucoup de confusion là-dessus. J'ai un article en sommeil sur le sujet. Ma position a évolué depuis 2008.
Cela ne change pas le fond de cet article car le conservatisme revendiqué par B. Zimmern est de nature politique, c'est à dire appliqué "aux autres" de façon dirigiste.
Sur le libéralisme qui serait profondément de droite, absolument pas d'accord ni historiquement ni philosophiquement. Le jusnaturalisme est une science humaine qui, en tant que telle, ne peut être ni de droite ni de gauche, en revanche l'interprétation ou l'appréciation de ce qu'est réellement la Nature Humaine peut donner lieu à des tendances diverses.
10 De tetatutelle -
@ Natrép :
"Le Front national fut pendant un bon moment le seul grand parti français à défendre ouvertement le libéralisme (il le fait toujours en partie, notamment concernant la LIBERTE D' EXPRESSION" :
Saisissez-vous vraiment la portée de cette affirmation, monsieur ?!! Permettez-moi d'en douter beaucoup !......Dans tous les cas vous semblez ignorez que c'est précisément sur ces fameuses "trois communes à direction Front National" (dont l'une d'elle est "heureusement vite revenu au socialisme" !.....) et "depuis que celui-ci est arrivé au pouvoir" que "la culture a subi pires contrôles, régulations et interdictions" (concerts annulés par autorité municipale, films interdits de diffusion dans les cinémas....), et ce pour des motifs exclusivement "moraux" : bel exemple de "liberté d'expression", oui, cela va sans dire !!.......
(Alain t'es trop gentil dans ta réponse !)
11 De JLER -
Le front national, un partie qui defend le liberalisme ? C est n importe quoi ? Le front national est un parti qui promeut l etat providence, la seule difference c'est de faire beneficier uniquement les nationaux de la redistribution. Sur la liberte d expression, le front national milite uniquement pour sa propre liberte d'expression et n'a aucune vocation a generaliser cette liberte a tous. Bref le front national comme de tout temps est un derive du dirigisme a vocation nationale (une sorte de socialisme national). Il est contre la mondialisation, contre le libre echange, contre la libre circulation des biens et des hommes, pour la peine de mort (l'attentat ultime aux droits de proprietes sur soi meme). Bref pas de barratin, je pense qu il faut etre sans ambiguite sur le sujet... C est pas parce qu ici ou la on veut faire disparaitre l'isf qu on est liberal quand a cote on veut attenter a tout un tas de libertes fondamentales...
12 De tetatutelle -
Merci JLER pour cette "brillante mise au point", lol à Natrép !
Etonnons-nous qu'il pratique "une sorte de socialisme national"......ce n'est pas pour rien si "on le compare justement quelquefois au nazisme" (plus souvent au fachisme, c'est un fait) !!.....