Le CPE et le CNE sont de timides et maladroites réponses de la droite
étatiste à la flexibilité nécessaire dans les relations employé-employeur. La
vrai réponse au problèmes du chômage devrait être la reconnaissance du droit au
licenciement comme un principe fondamental et supérieur du droit du travail. -
Le divorce est un devenu un droit fondamental au regard du mariage. -
L'avortement est un droit fondamental de la femme à disposer de son corps. - De
la même manière la séparation entre l'employeur et l'employé devrait être
parfaitement libre et réciproque.
La gauche et une bonne partie de la droite
française prétend "moraliser" le droit du travail en renforçant les dispositifs
de frein ou d'empêchement pur et simple des licenciements. Licencier c'est Mal
! Combien de fois a t-on entendu les personnes touchées par un plan social
s'indigner en direct à la télévision : "j'ai travaillé pendant 20 ans dans
cette entreprise et voilà comment on me remercie ! "
Par contre lorsqu'un employé quitte du jour au
lendemain une entreprise, qui lui a fourni un métier et un salaire pendant 20
ans, parce qu'il a trouvé un meilleur salaire ailleurs, la "morale" de cette
gauche n'y trouve rien à redire. Elle s'en amuse presque, le salarié à fait un
bon "coup", il a bien "eu" l'entreprise, ses patrons et ses actionnaires.
L'entreprise, personne morale créatrice d'emploi et de richesse est méprisée
par cette gauche encore imprégnée d'un marxisme désuet. Nous sommes dans la
situation paradoxale et dangereuse ou l'opinion juge beaucoup plus "moral" de
fermer complètement une entreprise que de licencier la moitié de ses effectifs
ou de délocaliser une partie de sa production. La raison étant que, dans le
premier cas, la direction de l'entreprise et ses actionnaires subissent le même
sort que les employés qui perdent leur emploi. C'est bien sûr oublier
qu'une entreprise peut regagner le terrain perdu et créer à nouveau de la
richesse et de l'emploi. C'est également oublier que dans un contexte de
mondialisation, les entreprises rencontreront ce type de difficultés plusieurs
fois au cours de leur développement. Il est donc vital pour le tissu économique
qu'elles soient plus incitées à rebondir qu'à disparaître.
Cette attitude social-paternaliste de la
vieille gauche et de la droite étatiste vis à vis de l'emploi est aussi
réactionnaire et rétrograde que les positions équivalentes de la droite
catholique et de l'extrême droite sur le divorce, l'avortement ou la
contraception. Pour cette droite traditionaliste, divorcer et avorter c'est Mal
! Car la logique est la même : - Pour favoriser le mariage et la famille il
faut interdire le divorce - Pour favoriser la vie et les naissances il faut
interdire l'avortement et la contraception - Pour favoriser l'emploi il faut
interdire les licenciements.
Affirmons le haut et fort : Il n’y a
aucune obligation morale pour une entreprise à conserver des salariés
indésirables de la même manière qu’il n’y a aucune obligation morale pour un
employé à demeurer dans une entreprise qu’il veut quitter. Plutôt que de
freiner les licenciements et de pénaliser les entreprises, le droit du travail
devrait combattre les discriminations et les mauvaises conditions de travail.
Il est d'ailleurs probable que ces dernières diminueraient notablement si le
marché du travail était plus flexible. Car la tentation du "divorce à
l'italienne" est bien la conséquence directe de l'interdiction faite aux époux
de se séparer légalement. Les manœuvres de harcèlement moral, les "mises au
placard" dans le but d'obtenir la démission d'un employé, même si elles sont
inexcusables, s'expliquent largement par la pénalisation du licenciement.
Etre libéral de gauche cela veut dire être
capable d'accepter des licenciements sans entrave tout en protégeant les
personnes licenciées. Car ce qui est anormal et ce qui doit être combattu,
c'est le fait que des hommes et des femmes demeurent au chômage, pas qu'ils
soient licenciés. Et c'est là ou un droit social innovant peut contribuer à
trouver une solution libérale au problème du chômage, et notamment à celui de
longue durée. Car le seul moyen pour que les chômeurs retrouvent du travail
quel que soit leur âge, leur qualification ou leur expérience c'est de les
rendre très intéressants pour les entreprises. Un mécanisme de crédit de
charges sociales proportionnel à la durée du chômage pourrait être à la fois
efficace et régulateur contre le chômage de longue durée. Par exemple la
période de chômage excédant six mois donnerait lieu à un crédit de charges
sociales de même durée. L'entreprise qui embaucherait une personne restée
treize mois au chômage, bénéficierait de 7 mois d'exonération de charges. Une
personne deviendrait donc d'autant plus attractive pour les entreprises qu'elle
serait restée longtemps au chômage.
Dans un modèle libéral-social, les entreprises
doivent pouvoir licencier librement, elles doivent également être fortement
incitées à embaucher les chômeurs de longue durée. Ce sont elles qui doivent
aller chercher les chômeurs et non pas l'ANPE qui doit les placer.